Les quatorze stations du Chemin de Croix à Jérusalem

Panneau d'une rue signalant en hébreu, en arabe et en latin la Via Dolorosa

La Via Dolorosa, aussi appelée « Chemin de Croix » ou « Via Crucis » commence à l’Est de Jérusalem, près de la Porte des Lions, et mène au Saint-Sépulcre. C’est un itinéraire composé de parties de plusieurs rues datant de l’époque romaine, et divisé entre les quartiers musulmans et chrétiens, par lequel passent chaque jour des milliers de pèlerins, de touristes et de locaux.

La Via Dolorosa est divisée en 14 stations qui symbolisent chacun des moments clés de la Passion du Christ. Les neuf stations de la croix se trouvent à l’extérieur, tandis que les cinq autres se trouvent à l’intérieur de l’église du Saint-Sépulcre. Dans beaucoup de ces stations de la Via Dolorosa, des églises et des chapelles ont été construites pour commémorer chaque moment. À travers ces 14 stations, les fidèles contemplent et méditent la Passion du Christ, accompagnant Jésus sur son chemin vers le lieu de la crucifixion.

I. Jésus est condamné à mort

La première station marque le lieu où Jésus fut jugé et condamné à mort dans le prétoire de Ponce Pilate, également connu sous le nom de forteresse d’Antonia, situé près de la porte des Lions de la vieille ville. C’est là que Jésus reçut sa couronne d’épines. Le lieu du jugement de Jésus se trouve maintenant dans la cour de l’école pour garçons Madrasa al-Omariye, la plus ancienne école de Jérusalem. L’accès de cette école coranique n’est pas toujours autorisé (sauf parfois après les cours, de 15 h à 17 h).

C’est de la cour de cette madrasa, que tous les vendredis après-midi de mars à octobre (à 16 h, voire 15 h l’été) partent traditionnellement les processions menées par les moines franciscains. Elles sont escortées par des prêtres et précédées par quatre kawas, gardiens musulmans des lieux saints en uniforme ottoman traditionnel (large pantalon bleu, gilet brodé d’or et fez rouge) qui frappant le sol de leur bâton ferré pour faire place.

La première station de la Via Dolorosa

II. Jésus est chargé de sa croix

La deuxième station marque l’endroit où Jésus a pris sa croix et rappelle sa condamnation. Il y a deux petites églises sur cette station, la chapelle de la Flagellation commémorant l’endroit où des soldats romains ont battu Jésus et la chapelle du Jugement commémorant le site où Jésus a été condamné. La chapelle de la Flagellation est construite selon la tradition sur le lieu où Jésus fut moqué et flagellé par les soldats romains.

Le monastère abrite le Studium Biblicum Franciscanum, société savante d’études bibliques et archéologiques dont le musée expose des objets découverts lors des fouilles des franciscains en Terre sainte.

L’emplacement de la deuxième station est indiqué sur le mur externe de la chapelle de la Condamnation et de l’Imposition de la croix longeant la Via Dolorosa. Selon une tradition, des dalles du sol de la chapelle de la Condamnation correspondent au Lithostrôtos. En réalité, les pèlerins ne pouvant pénétrer dans l’école musulmane el-Omariye, la tradition du jugement de Jésus par Pilate s’est transférée sur ce lieu.

La deuxième station de la Via Dolorosa

La deuxième station est proche des vestiges d’une ancienne construction romaine connue aujourd’hui sous le nom d’Arche Ecce Homo, « voici l’homme » en latin, en mémoire des mots prononcés par Pilate lorsqu’il montra Jésus à la foule. Cette porte triomphale située sur le côté oriental de la ville à l’époque fut érigée sous Hadrien en 135 ap. J.-C. célébrait la prise de Jérusalem. Seule l’arche centrale de cet édifice est visible aujourd’hui. La partie gauche de l’arc qui n’existe plus, faisait partie autrefois d’un monastère derviche islamique. La partie droite de l’arc de triomphe est toujours conservée et se trouve aujourd’hui à l’intérieur de l’Église des Sœurs de Sion construite en 1857 par Alphonse Ratisbonne sur les vestiges de ruines anciennes, comme l’arc de triomphe romain pré-cité, une partie des fortifications et de la cour de la forteresse Antonia et les vestiges des pavés de la rue datant de l’antiquité romaine, appelés aussi Lithostratus.

L’arc de l’Ecce Homo sur la Via Dolorosa

III. Jésus tombe pour la première fois

La troisième station est celle où Jésus tomba pour la première fois sous le poids de sa croix. C’est là que Pilate a présenté Jésus à la foule des spectateurs. L’endroit est marqué par une petite chapelle appartenant à l’Église catholique arménienne. Ce sanctuaire était à l’origine l’entrée d’un bain turc appelé « Hammam es Sultan ». Fermé au milieu du XIXe siècle, les Turcs cèdent le site à l’Église arménienne en 1858. La chapelle dispose d’une grande statue de Jésus portant une croix sur son dos, à genoux sur le plancher. Le drapeau de l’Arménie voltige près de la statue. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des soldats catholiques polonais de l’armée Anders restés en Palestine ont reçu l’approbation des Arméniens catholiques à prier régulièrement à cet endroit. Pendant cette période, les soldats polonais ont contribué à la décoration de la chapelle et à sa rénovation dans les années 1947-1948 sur l’initiative du prêtre polonais et aumônier militaire Stefan Pietruszka-Jabłonowski.

Le sanctuaire est relié à un magasin de souvenirs situé dans les vestiges du bain turc et d’un passage à travers les chapelles souterraines à la quatrième station. Un bas-relief au-dessus de l’entrée, l’œuvre du sculpteur polonais Tadeusz Zieliński, représente le Christ fléchissant sous le poids de la croix. Une peinture avec la même iconographie est au-dessus de l’autel.

La troisième station de la Via Dolorosa

IV. Jésus rencontre Marie, sa mère

La quatrième station marque le lieu où Marie a regardé son fils passer. Au-dessus de l’entrée de l’église, on voit une représentation de Jésus rencontrant sa mère, l’œuvre du sculpteur polonais Tadeusz Zieliński. L’église catholique arménienne Notre-Dame du Spasme, ou l’église Notre-Dame des Douleurs, du XIXe siècle marque cette station. Elle a été construite en partie sur les ruines d’une église byzantine et en partie sur celles d’un bain mamelouk.

Les excavations nécessitées par la construction de l’église catholique arménienne, ont mis au jour les restes d’un pavé byzantin en mosaïque du VIe siècle ou probablement du VIIe siècle et le dessin de deux sandales, ce qui permet d’asseoir la tradition bien que le lieu soit probablement à l’origine des thermes romains. On peut accéder à la crypte montrant ces vestiges par une boutique de souvenirs attachée à la troisième station. L’autel en marbre est supporté par deux aigles, sculptés par l’artiste polonais Tadeusz Zieliński.

La quatrième station de la Via Dolorosa

V. Simon de Cyrène est requis pour porter la croix de Jésus

À la cinquième station, les soldats romains ont chargé Simon de Cyrène d’aider Jésus à porter sa croix (Luc 23). À ce stade, Jésus aurait été à l’agonie alors qu’il traînait la lourde croix de bois. Tandis qu’ils approchaient de l’ascension finale de la colline de la Crucifixion, les soldats comprirent que Jésus ne pouvait plus porter la croix seul. Un petit creux dans le mur de pierre à cette station est censé contenir l’empreinte laissée par Jésus qui se reposa contre le mur. La pierre a été touchée par les pèlerins au cours des 2 000 dernières années, ce qui l’a rendue lisse. Une petite chapelle franciscaine construite en 1895 à la cinquième station est simplement marquée par la croix de Jérusalem et la croix franciscaine. C’est là que les franciscains ont établi leur première maison à Jérusalem en 1229.

Une inscription sur l’architrave de la porte d’entrée (SIMONI CYRANEO CRUX IMPONITUR) commémore la rencontre entre Jésus et Simon de Cyrène.

La cinquième station de la Via Dolorosa

VI. Une femme essuie le visage de Jésus

La sixième station marque le lieu où Véronique a essuyé le visage de Jésus avec son voile. On pense que la forme du visage de Jésus a été imprimée sur le tissu. Cette sainte relique serait gardée, depuis le VIIIe siècle dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Le nom «Véronique» peut être dérivé de l’icône latine – vera, qui signifie « vraie image ». On pense que la maison de Véronique se trouvait à cet endroit le long de la Via Dolorosa. Le site est acheté en 1883 par l’église grecque-catholique melkite qui y fait construire une église sur le site présumé de la maison de Véronique, habitation dont la tradition n’est attestée qu’à partir du XVe siècle. L’église est restaurée en 1953 par l’architecte italien Antonio Barluzzi.

Une pierre en forme de colonne à gauche de l’entrée porte l’inscription latine 6 ST PIA VERONICA FACIEM CHRISTI LINTEO DETERCI, « la sixième station où la pieuse Véronique essuya la face du Christ avec un voile ».

La sixième station de la Via Dolorosa

VII. Jésus tombe pour la deuxième fois

Le lieu de la deuxième chute de Jésus, situé au croisement de le Via Dolorosa et de la pittoresque et vivante rue du Marché, est marqué par une chapelle franciscaine construite en 1875.

Selon la tradition, il s’agit de la « Porte du Jugement » ou « Porte du Procès » par laquelle Jésus sortit de Jérusalem pour être crucifié, à l’extérieur de la ville, et où sa condamnation à mort aurait été rendue publique. À l’époque, Golgotha était en dehors des murs de la ville car aucune crucifixion n’était faite dans la ville.

La septième station de la Via Dolorosa

À l’entrée, on distingue la base d’une colonne qui provient d’un tétrapyle du cardo maximus de la cité romaine de Jérusalem à l’époque de l’empereur Hadrien.

VIII. Jésus parle aux femmes de Jérusalem

La huitième station est celle où « les femmes de Jérusalem pleurent Jésus » (Luc 23, 27). Jésus y a fait une pause pour consoler les femmes en leur disant de ne pas pleurer pour lui mais plutôt pour elles-mêmes et leurs enfants.

Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants »5 (Saint Luc 23, 27-28).

Au moment de la crucifixion, cette station était vraisemblablement hors des murs de la ville. Aujourd’hui, elle est marquée par une église grecque orthodoxe dédiée à Saint Charalampos. Derrière le mur de pierre de cette station se trouve un monastère grec orthodoxe. Un petit emblème bien usé, gravé dans le mur, porte le mot grec «Nika» (IC-XC-NI-KA), qui signifie « Jésus-Christ vainqueur ». Près de la huitième station se trouve un hospice allemand et au-dessus de son entrée se trouve la croix de Malte, emblème de l’ordre de Saint-Jean.

La huitième station de la Via Dolorosa

IX. Jésus tombe pour la troisième fois

La neuvième station commémore la troisième et dernière chute de Jésus. C’est la dernière station avant d’entrer dans l’église du Saint-Sépulcre. A proximité se trouve le quartier copte orthodoxe. Une croix sur une colonne romaine attenante au mur du patriarcat copte indique la neuvième station. Une porte verte à gauche mène à la cour devant le Saint-Sépulcre.

À l’origine, l’emplacement était marqué par une colonne de l’ère romaine. Une dispute entre l’église orthodoxe russe qui revendique cette tradition au niveau de la mission Saint-Alexandre de Jérusalem et l’Église copte qui avait réussi au xixe siècle à placer cette colonne sur un mur du monastère de Saint-Antoine, a conduit les autorités de Jérusalem à fixer la plaque marquant la tradition sur un contrefort de la chapelle copte de Sainte-Hélène.

La neuvième station de la Via Dolorosa

La petite église copte de Sainte-Hélène est dédiée à la mère de l’empereur Constantin, Hélène (entre 246 et 327 après JC). Au IVème siècle, Hélène découvrit et restaura plusieurs sites chrétiens importants en Terre Sainte, y compris la « vraie croix » découverte à l’emplacement actuel du Saint-Sépulcre. Dans l’église se trouve une ancienne citerne d’eau souterraine découverte par Hélène, citerne qui aurait fourni de l’eau au Saint-Sépulcre.

X. Jésus est dépouillé de ses vêtements

L’église du Saint-Sépulcre abrite les cinq dernières stations du chemin de la croix. Le complexe du Saint-Sépulcre possède un grand nombre de chapelles de tailles variables réparties sur plusieurs niveaux et dont la propriété et la responsabilité se partage entre les diverses communautés.

Une chapelle franciscaine à droite de l’entrée du Saint-Sépulcre marque l’endroit où Jésus fut dépouillé de ses vêtements. La dixième station se trouve dans une salle appelée la chapelle des Francs. Marc 15, 24 nous raconte comment les soldats romains se partagèrent les vêtements de Jésus. La construction remonte au 11ème siècle, lorsque les Croisés ont décidé d’ouvrir une nouvelle entrée au Calvaire afin de rationaliser le flux des pèlerins vers le mont de la crucifixion.

La dixième station de la Via Dolorosa
L’entrée principale de l’église du Saint-Sépulcre ou basilique du Saint-Sépulcre, également appelée basilique de la Résurrection

Entré dans l’église, le pèlerin se dirige immédiatement vers la droite et gravit un des deux escaliers du Calvaire, dont la plate-forme repose en grande partie sur des substructures; seule la partie orientale de la nef gauche est bâtie sur la roche.

XI. Jésus est crucifié

La onzième station est le lieu de la crucifixion qui aurait été sur une colline (Golgotha / Calvaire) à l’extérieur de la ville. Aujourd’hui, ce site est commémoré par un autel franciscain.

La onzième station de la Via Dolorosa. Jésus est cloué sur la croix sous les yeux de sa mère Marie

XII. Jésus meurt sur la croix

Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eli, Eli, lama sabachthani? c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Matthieu 27,45-46)

La tradition situe l’érection de la croix et la mort de Jésus dans la partie orientale de la nef gauche. Un disque d’argent placé sous l’autel grec orthodoxe et ouvert au centre marque l’endroit ou la croix aurait été plantée. Là se dressait probablement à l’époque constantinienne la croix commémorative en bois que l’empereur Théodose II allait remplacer en 417 par une croix d’or et de pierres précieuses.

A droite de l’autel, à travers le verre on voit la fente qu’une vieille tradition rattache au tremblement de terre dont parle Matthieu (27,51).

Chapelle grecque orthodoxe du Golgotha @ Custodia Terrae Sanctae
La douzième station de la Via Dolorosa

Sous l’autel du calvaire orthodoxe est située la chapelle d’Adam. Elle est l’une des plus anciennes de l’église du Saint-Sépulcre. On peut y voir une crevasse dans la pierre qui aurait provoqué par un tremblement de terre intervenu à cause de la crucifixion. Le sang du Christ aurait coulé dans cette crevasse et atteint Adam qui serait lui même enterré là, le lavant de ses péchés (tradition chrétienne). L’iconographie religieuse traditionnelle montre ainsi un crane au pied de la croix.

La chapelle d’Adam sous le Calvaire

XIII. Le corps de Jésus est descendu de la croix

Placé entre les deux stations précédentes, l’autel latin de la treizième station est orné d’un buste en bois du XVIe-XVIIe siècle, représentant la Vierge des Douleurs et offert par le Portugal en 1778.

La treizième station de la Via Dolorosa. La statue de la Vierge Marie, transpercée d’une épée, domine l’autel de Notre-Dame des Douleurs au Calvaire @ Custodia Terrae Sanctae
À l’entrée du Saint-Sépulcre un tableau dépeint trois temps juste après la mort de Jésus : la descente de la croix, la dépose sur la pierre de l’onction et la mise au tombeau

XIV. Le corps de Jésus est déposé dans le tombeau

Pour se rendre au Sépulcre, le pèlerin redescend du Calvaire, passe près de la pierre de l’Onction et près d’une pierre circulaire surmontée d’une grille: de ce dernier endroit, les saintes femmes auraient regardé à distance le Christ en croix (Mt 27, 55).

La pierre de l’Onction se trouve dans l’atrium de la Basilique du Saint-Sépulcre. Selon la tradition chrétienne, le corps du Christ fut lavé et enveloppé dans le Saint-Suaire par Joseph d’Arimathie et Nicodème sur cette pierre avant la Mise au tombeau. Elle est l’objet d’une importante vénération depuis le Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui.

La Pierre de l’Onction, surmontée d’une plaque de marbre

Le site le plus sacré de la chrétienté est le tombeau du Christ qui se trouve au cœur de l’église du Saint-Sépulcre dans un édicule au centre d’une grande rotonde. Dans l’édicule se trouve la chapelle de l’Ange qui renferme un petit morceau du boulon qui fermait la caverne funéraire du Christ. La chapelle mène dans la tombe elle-même. C’est là que Jésus fut enterré et ressuscita trois jours après sa mort.

La quatorzième station de la Via Dolorosa. Édicule abritant le tombeau du Christ dans l’église du Saint-Sépulcre, @ Custodia Terrae Sanctae

Située au-dessus de la tombe de Jésus, la Rotonde est formée de 18 piliers ronds en marbre, qui supportent le dôme. Les piliers sont emprisonnés dans de larges blocs carrés pour résister aux séismes. Le diamètre de la Rotonde est de 20,9 m et la coupole culmine à 21,5 m du sol. Le statu quo donne des droits aux Orthodoxes, aux Catholiques ainsi qu’à l’Église Apostolique arménienne à l’intérieur du tombeau. Les trois communautés peuvent y célébrer la Divine Liturgie ou la Messe tous les jours.

Une grande coupole de l’église du Saint-Sépulcre repose sur des piliers. Une fenêtre centrale ouvre au milieu de la coupole, décorée de douze pétales d’or, symbole des douze apôtres.

La coupole de l’église du Saint-Sépulcre @ Custodia Terrae Sanctae

Le sépulcre vide de Jesus Christ est le témoin véritable de sa glorieuse résurrection (Mt 28,6).